Les investissements chinois en Afrique augmentent, alors que la valeur des projets et les échanges bilatéraux déclinent
Selon un nouveau rapport du gouvernement, la Chine a continué d’investir massivement en Afrique pendant la pandémie. Toutefois, certains pays d’Afrique commencent à suspendre ou à examiner de plus près leurs contrats avec des entreprises chinoises.
La Chine a créé 25 zones de coopération économique et commerciale dans 16 pays d’Afrique, et a continué d’investir massivement dans tout le continent pendant la pandémie de Covid-19, d’après un rapport gouvernemental sur les liens économiques et commerciaux entre la Chine et l’Afrique. Enregistrées auprès du ministère chinois du Commerce, les zones avaient attiré quelques 623 entreprises, représentant un investissement total de 7,35 milliards USD à la fin 2020, d’après le Rapport annuel sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Afrique (2021).
Si la Covid-19 a secoué l’économie mondiale et effrayé bon nombre d’investisseurs compte tenu de l’incertitude quant à la durée de la crise, l’investissement chinois en Afrique a augmenté, d’après le rapport. La Chine a investi 2,96 milliards USD en Afrique l’année dernière, soit une hausse de 9,5 % par rapport à 2019. Les investissements directs non financiers, de 2,66 milliards USD, représentaient la majeure partie de ce montant.
D’après le rapport de 108 pages, cette tendance se poursuit cette année. Les investissements directs en Afrique représentaient 2,07 milliards USD au cours des sept premiers mois de l’année, surpassant le montant prépandémie au cours de la même période de 2019.
Depuis 12 ans, la Chine est le principal partenaire commercial de l’Afrique, même si les échanges bilatéraux se sont contractés de 10,5 %, à 187 milliards USD en 2019. Le pays est également le quatrième investisseur dans le continent.
La Chine investit massivement en particulier dans le secteur africain des services. L’investissement dans certains sous-secteurs, tels que la recherche scientifique et les services technologiques, le transport, le stockage et les services postaux, a plus que doublé en 2020, d’après le rapport. Ce dernier indique cependant que les échanges de services ont chuté de 20 % l’année dernière, à 8,66 milliards USD.
Le rapport a été rendu public le 25 septembre, à la veille de l’ouverture du deuxième salon sur l’économie et le commerce entre la Chine et l’Afrique, organisé du 26 au 29 septembre à Changsha, la capitale de la province de Hunan en Chine centrale. Quelques 176 contrats commerciaux et d’investissement, et projets stratégiques de coopération, d’une valeur de 15,93 milliards USD, devaient être signés au cours du salon.
Les pays d’Afrique reconsidèrent les investissements chinois
Le chiffre d’affaire des projets sous contrats des entreprises chinoises en Afrique représentait 383,3 milliards USD en 2020, soit une baisse de 16,7 % par rapport à 2019. D’après le rapport, il s’agit de la cinquième baisse annuelle consécutive, même si la valeur des contrats nouvellement signés pour des projets en Afrique a augmenté de plus de 21 %, à 67,9 milliards USD, « ce qui indique que les pays d’Afrique ont encore d’énormes besoins en termes d’infrastructures ».
Mais certains pays d’Afrique reconsidèrent leur relation avec la Chine, et certains ont décidé de suspendre ou d’analyser minutieusement les contrats passés avec les entreprises chinoises. Citant le Singapore Post, l’agence de presse ANI indiquait que plusieurs pays d’Afrique abandonnaient des contrats passés avec des entreprises chinoises en raison de la mauvaise exécution des travaux et de l’absence de transparence. La plupart des projets annulés relèvent de l’ambitieuse Initiative de Pékin « ceinture et route » (Belt and Road Initiative).
Le mouvement a commencé en juillet 2020 lorsqu’une haute cour kényane ordonna l’annulation d’un contrat de 3,2 milliards USD entre le Kenya et la Chine portant sur la construction d’une ligne ferroviaire à écartement normal, indiquant que le projet était « illégal » car l’entreprise étatique kényane des chemins de fers n’avait pas respecté les lois du pays relatives aux marchés publics.
L’année dernière, c’est le Ghana qui a annulé un contrat de 236 millions USD avec l’entreprise pékinoise Everyway Traffic and Lighting Tech portant sur le développement d’un système intelligent de gestion du trafic ; et Reuters a indiqué le mois dernier que la République démocratique du Congo serait en train de revoir un contrat minier de 6 milliards USD passé avec des investisseurs chinois.
Le rapport préparé par l’Initiative de recherche Chine-Afrique de l’École d'études internationales avancées de l’Université John Hopkins indique qu’entre 2000 et 2019, les investisseurs chinois ont signé 1 141 engagements de prêt d’une valeur de 153 milliards USD avec des gouvernements et entreprises étatiques d’Afrique. Les pays africains suspendent ou abandonnent bon nombre de ces projets, qui relèvent pour la plupart de l’Initiative « ceinture et route », car ils ne sont pas en mesure de rembourser leurs prêts.
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